Rapport final Programme AGON

RESUME

(Le rapport scientifique final est disponible pour téléchargement en cliquant à droite sur télécharger le compte rendu en pdf)

1. Disputes, querelles et création dans l’Europe de la première modernité (France-Angleterre, XVII^e-XVIII^e siècles)

Le programme AGON a étudié les disputes, querelles, controverses et autres polémiques de l’époque moderne dans des champs très variés : aussi bien littéraire que scientifique, artistique, ou philosophique. La chronologie choisie ne fixait pas de cadre rigide : cela permettait de retourner si nécessaire aux querelles religieuses de la Renaissance ou d’envisager l’héritage de la scolastique, et faisait en même temps apparaître que la Révolution française a constitué, pour la France mais aussi pour l’Angleterre, un moment de rupture dans les pratiques de la dispute. Le but n’était pas tant de faire l’histoire des querelles de la première modernité que de montrer leur dynamique interne, leurs interactions, et les reconfigurations des savoirs auxquelles elles ont conduit. Ces conflits étaient étudiés comme l’un des points d’entrée privilégiés pour aborder les questions de création à l’époque moderne, en particulier dans le domaine des belles lettres, et pour repenser des questions d’histoire intellectuelle ayant trait aux discours, aux techniques, aux arts et aux savoirs.

2. Analyses empirique et contextuelle des querelles : de la collecte de cas à la constitution d’une banque de données

La méthode d’analyse a été rigoureusement empirique, procédant par inventaire de querelles, détermination des découpages chronologiques, identification des protagonistes et des textes impliqués. L’analyse a fait apparaître à la fois les enjeux internes aux querelles, en ne faisant intervenir que des concepts historiquement répertoriés, et les interactions éventuelles avec d’autres querelles. Cette méthode a permis d’échapper au risque de surdéterminer leur sens en les plaçant dans une suite, trop précise, de querelles allant dans une direction déterminée à l’avance (la victoire des Modernes sur les Anciens, la défaite du parti dévot, etc.). Elle a permis l’organisation de rencontres scientifiques où confronter cas et analyses, et l’alimentation d’une banque de données en ligne. En se concentrant à la fois sur une période déterminée (la première modernité) et sur un petit nombre de pays (France-Angleterre, initialement), cette méthode a permis d’échapper à la prolifération attendue des exemples tout en insistant sur la comparaison entre les domaines du savoir comme entre les traditions nationales. L’introduction de pratiques culturelles (théâtre) a ouvert de nouvelles perspectives sur le sujet.

Résultats majeurs du projet

A l’usage du grand public, Agôn a constitué une base de données consultable à partir de tout nom propre et mot-clé, qui donne à voir les conflits d’idées et les personnes qui y ont été impliquées.

A l’usage de la communauté scientifique, Agôn lance la proposition de regarder désormais l’histoire intellectuelle à partir des conflits et débats, et non à partir des idées ; de reconsidérer la rhétorique et la poétique générales en fonction des genres et figures qui sont les plus objets de débats ou le plus utilisés dans les querelles. Agôn a ouvert des perspectives de recherche, déjà reprises par d’autres chercheurs, sur les disputes de l’époque moderne, et au-delà.

A l’usage de l’un et l’autre, l’expérience propose de faire de la création théâtrale un outil de recherche en créant des situations expérimentales, en même temps que de faire du langage théâtral, y compris contemporain, un objet d’analyse privilégié de la dynamique des conflits.

Un premier numéro spécial de revue a permis de baliser le champ de nos enquêtes. Un numéro de revue en ligne a rendu compte de travaux originaux sur le théâtre. Un volume collectif sur les Anciens et les Modernes, qui couvre trois siècles de débats en Europe, est sous presse. Un volume collectif centré sur les questions de création vient d’être remis à l’éditeur. Deux numéros spéciaux de revue sont en cours de finalisation. Enfin, une banque de données en ligne permet d’interroger, pour l’instant, une centaine de querelles et disputes.